F  r  e  d  e  r  i  c      G  r  a  c  i  a


TROMPE L'OEIL/DECORATION EN TROMPE L'OEIL


DÉCORATION  SPATIALE  & TROMPE L'OEIL

Les WC aussi ont droit à leur trompe l'oeil...

Un banal cabinet de toilettes transformé... en cabine de module spatial chez un particulier:
Magie du trompe l'oeil pour WC japonais




Un éclairage de lumière noire fixé au plafond fait réagir des effets lumineux induits par la peinture fluo.



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Tous les éléments de cette fresque sont peints, donnant une certaine illusion de relief

et aussi un effet de luminosité émanant de l'intérieur du mur: trompe l'oeil



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Ambiance type poste de contrôle d'un module spatial. Peinture fluo avec éclairage lumière noire.


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Interview Enjoy Space


EnjoySpace : Le spatial n'est pas le seul thème que vous utilisez pour votre art,
mais qu'est-ce qui vous attire particulièrement de ce côté-là ?


Frédéric Gracia : Effectivement, l'art spatial ou space art n'est pas le seul thème de mes explorations artistiques : l'eau, la mer par exemple reviennent assez souvent sur le devant de mes fresques ou de mon chevalet. Mais comme beaucoup de sujets peuvent finalement être transposés dans ce contexte spatial je ne me prive pas, puisque tout est possible en art, de faire voyager mer, volcan et autre desert dans l'immensité de l'univers.

De plus la thèmatique de l'espace est tellement riche et variée que pour un peintre hyperrealiste le sujet spatial est pratiquement sans limite: paysages planétaires, nébuleuses, galaxies, vaisseau spatial, aliens, etc...

L'espace pour moi est de toute façon un thème de prédilection depuis toujours; pas seulement pour mon inspiration artistique d'ailleurs. Eveillant ma curiosité, les beau livres d'astronomie et la conquète spatiale que je feuilletais à la bibliothèque municipale de mon enfance ont certainement influencé mon interrêt croissant pour le sujet.

Et puis, il y a eu Apollo 11... Cette fabuleuse nuit de juillet 1969 a été déterminante. J'avais 10 ans et devant cette télévision de vacances et ces images grises, floues et très diffuses j'avais veritablement pris conscience de l'extraordinaire importance planétaire, universelle ? en tout cas d'un évènement majeur pour l'humanité.

ES : Quelles sont vos Influences et sources d'inspiration ?

FG : La Lune, le Palais de la Découverte quand j'avais 10 ans, Apollo 8 et bien-sûr Apollo 11, les sondes Pioneer et Voyager, Tintin, Jules Verne, des conférences mémorables d'André Brahic à l'IAP sur Voyager 2 frôlant Neptune, Hubert Reeves à la Sorbonne, JP Luminet, la comète Hale Bopp en 96, l'éclipse totale de 99, les robots martiens Spirit et Opportunity, ma première observation des anneaux de Saturne avec ma lunette et celle des cratères lunaires avec un célestron ...dans la rue en plein New York, la voie lactée dans le désert au Yémen, des films comme 2001 l'Odyssée de l'espace, la Planète des singes, Rencontre du 3e type ...

ES : Sur un plan technique, comme esthétique, quels sont les défis propres à la thématique spatiale ?

FG : Je le répète la thématique spatiale est tellement riche et même infini dans sa variété qu'il est souvent difficile ou trop simple de rassembler cette multitude de directions visuelles - qui vont de l'imagerie scientifique à l'interprétation poétique d'un trou noir, en passant par Cosmologie, Astrologie, Aéronautique, etc...- en un seul style à tous les coups reconnaissable.
Mais puisqu'il faut classifier on s'entendra néanmoins sur le fait que cet art pictural se veut la représentation figurative de tout contexte et objet situé en dehors de l'atmosphère terrestre. Vaste sujet...

Les effets de profondeurs spectaculaires ou même grandioses que peuvent engendrer - on l'imagine - le vide spatial, par exemple en survol au dessus de la Terre ou de la Lune, est tout à fait intéressant techniquement pour un peintre du trompe l'oeil.                 

En règle générale, la beauté épurée, minimale du contexte spatial est assez séduisante par son esthétique presque design.

Mes bases de départ pour la construction d'une composition sur le thême spatial vont être des documents photos d'astronomie dont je m'efforcerai de m'écarter le moins possible.
Par principe, presque par respect.

Le style photo-réaliste de mes toiles, cette technique du trompe l'oeil n'est pas une fin en soi. Je m'en sers comme base de travail et j'introduis à l'hyperréalisme de ma peinture, une part de rêve, un côté improbable qui m'éloigne de toute réalité figée. Alors pourquoi me direz-vous, se donner la peine de peindre quelque-chose qui existe déjà en photo?

La photo est juste un support.

Le but du jeu est d'aller beaucoup plus loin : d'une part accentuer les reliefs avec des effets de contraste que connaissent bien les peintres du trompe l'oeil.


D'autre part intensifier certaines lumières avec des peintures fluo : le bleu de la Terre par exemple ou bien les couleurs gazeuses d'une nébuleuse en dégradé fluorescent sur le fond noir vont donner ce petit quelque chose de plus réel, de plus profond que sur une photo même en haute résolution.

J'ai peint je le disais, des vues de sol lunaire, d'après des photos de la NASA, en y intégrant des gouttes d'eau.
Cela me permet en plus de l'incongruité de la situation, de jouer sur le contraste des formes, des matières et des symboles.


La Mer des Pluie, 
Mare Imbrium cette région lunaire que j'affectionne particulierement pour l'avoir peint plusieurs fois, ou le grand canyon martien, Valles Marineris et ses cratères adjacents (détail de fresque pour le Casino de Perros Guirec) ou encore récemment le cratère d'impact venusien Jeanne, toutes ces représentations peintes sont des répliques fidèles des documents qui m'ont servi de modèle.

ES : Vous avez décoré de façon spectaculaire des toilettes avec des visuels spatiaux. Quelle est l'origine de ce travail et quelles ont été vos références ?

FG : J'avais, il y plusieurs années, réalisé un décor plutôt inhabituel dans des toilettes chez des particuliers. Le but du jeu était de transformer un banal cabinet de toilette en cabine de contrôle de sous-marin avec hublôts, manettes et rivets.

Cette idée originale de ma cliente, tout le monde peut l'avoir mais ce qui devient interessant et même surprenant ici c'est de passer à l'acte, qu'on puisse véritablement aller jusqu'à prendre commande, réaliser rough et maquette et enfin exécuter le décor le plus sérieusement du monde.

Ces WC sous-marins ont eu leur petit succès d'abord sur Internet puis de temps à autre on a pu les voir à différentes occasions à la télé (M6 100%Mag, TF1 un dîner presque parfait).                           
                     
Je pensais en rester là, aucune autre commande comparable ne s'était depuis concrétisée.

Mais en fin d'année 2009, la production de m6 me relance : Ils seraient intéressés de venir filmer la réalisation d'une fresque de ce type dans le cadre de l'émission 100%mag.

Je n'avais plus qu'à trouver le client.

Chose qui fût faîte relativement vite. Quand on veut...

Le thème choisi cette fois, est le vaisseau spatial.

Je n'ai qu'une semaine pour mener à bien mon opération. On vient me filmer dès le premier jour. Dans un modeste petit coffre en bois, se trouve la totalité des instruments de mesure qui vont constituer l'équipement en appareillage électronique de la cabine.
Je parle de cabine parce qu'à partir de ce premier jour de réalisation, je ne considère plus cet espace comme un cabinet de toilette mais comme la cabine d'un véhicule spatial, un engin monoplace . Pour l'instant on ne voit que le siège de l'unique passager-pilote mais, par la magie du trompe l'oeil, les murs de béton ou de plâtre vont se transformer en parois blindées et boulonnées comme tout vaisseau spatial qui se respecte.
Dans quelques jours vont s'éclairer des milliers d'étoiles, des dizaines de diodes, les manomètres, les ordinateurs de bord , les écrans de contrôle et autres voyants lumineux .
Mais en ce premier jour tout cet appareillage est encore à l'état liquide, répartis par couleur dans des petits pots de lumière.
J'ai nommé un produit fabuleux: la peinture fluo.

Tous ceux qui ont déjà peint avec de la fluo savent le côté magique de cette peinture.
On a véritablement l'impression de peindre avec de la lumière ou de la couleur à l'état pure.

Il y a des années que je travaille avec cette peinture:
diverses expériences qui vont des décors scénographiques fluo pour des concerts ou des spectacles, à des tableaux sur le thème des volcans (émanation de chaleur garantie) , des villes lumières en passant par les rendus aquatiques des fonds sous-marins et bien-sûr ce que l'on appelle le space art c'est à dire des peintures ou des décors sur le thème de l'espace.



En fait, dans mes recherches sur l'hyperrealisme, j'ai voulu fouiller plus avant dans les effets d'illusion et de trompe l'oeil en mettant l'accent sur les intensités lumineuses de certains rendus, pour qu'on y croit encore un peu plus... l'illusion des écrans de contrôle qui semblent éclairés de l'intérieur alors qu'ils sont simplement peints est pour le coup assez bluffant...
L'immensité du milieu spatial avec la Terre en contrebas, la Lune et les étoiles vont créer un effet de profondeur et annuler l'exiguité de la cabine.

Ce que j'aime dans ce type de projet, outre l'originalité du thème et son esthétique, c'est la réalisation elle-même. La technique du trompe l'oeil doit être quasi parfaite pour que l'illusion fonctionne.

Un autre aspect qui a son importance , c'est l'humour et le 2ème degré : on sera obligé de sourire devant une réalisation comme celle-ci quand on la verra pour la première fois.

Pour moi, ce type de réalisation dépasse le simple cadre du décor peint en trompe l'oeil : une pièce aussi banale et basique que des WC - cette dernière pièce de la maison reléguée en degré d'importance juste devant la buanderie et le placard à balais - métamorphosée aussi radicalement en objet futuriste high tech pourrait, je pense pour certains critiques, passer pour une oeuvre plastique contemporaine à part entière, ne serait-ce que par le simple fait de surprendre autant au moins à la première visite.

Créer l'étonnement en Art a toujours été bien vu...



Elle pourrait même dans une certaine mesure faire passer la fonction première de ces WC au deuxième plan, c'est à dire utile accessoirement. La probabilité n'est pas nulle qu'on puisse y venir simplement et seulement parce qu'on s'y sent bien ou pour rêver parmi les étoiles en regardant la terre depuis l'espace, milieu adéquat pour la réflexion ou la méditation.

On peut aussi très bien imaginer d'aller plus loin encore dans cette mise en ambiance : par exemple fixer un écran plat et des petits haut-parleurs pour diffuser dès le contact avec la fermeture du verrou intérieur, une séquence filmée d'accueil : une hôtesse nous souhaitant la bienvenue à bord , programme musical , enregistrements audio d'astronautes avec la NASA, films sur la conquette spatiale, compte à rebours, etc.

ES : L'ISS est désormais équipé de la Cupola, un poste d'observation avec 7 hublots tournés vers la Terre. En tant qu'artiste, est-ce que ça vous tenterait d'aller là-haut afin de peindre des oeuvres inspirées par ce point de vue unique sur notre planète ?

FG : La réponse est oui !
Autant demander à un aveugle s'il veut voir... Contempler la splendeur de la Terre depuis cette
Cupola doit en inspirer plus d'un.
La vision grandiose de notre monde bleu doit faire ressortir de notre intérieur profond, des souffles d'émotion, des prises de conscience.
 
J'imagine ce spectacle silencieux où la Terre défile lentement en contrebas – ou contrehaut - lumières diurnes ou nocturnes, levés de Lune, aubes, aurores, peut-être ponctué de réponses personnelles; et sûrement une grande paix de l'esprit devant tant de beauté.

oui, pour répondre à la question; la
Cupola, j'en ferais bien mon atelier...

                               
Frederic Gracia interviewé en 2009 par Enjoyspace.com





 


 

Ce gorille, incarnation s'il en est d'un King Kong apprivoisé aux commandes d'un vaisseau spatial est une transfiguration de HAM le petit chimpanzé de la NASA, célèbre cobaye-astronaute de l'histoire de la conquête spatiale américaine.



En 1961, deux mois avant Youri Gagarine, une fusée du programme Mercury envoie le chimpanzé au dessus de l'atmosphère.

Ham, dans sa minuscule capsule, participe avec succès à des manipulations apprises au sol (manettes à baisser ou à lever en fonction de certains repères lumineux) démontrant ainsi que ses facultés physiques et mentales ne sont pas altérées dans l'espace.

Les images de ce singe plutôt calme, presque serein lors de sa récupération ont fait le tour de la Terre, célébrant en héros un des premiers exploits de l'astronautique.

Avec cet avatar assez éloigné de Ham le petit chimpanzé, et finalement si proche, avec ce majestueux représentant du peuple singe, inspirant la quiétude et l'intelligence, hommage lui est ici rendu... juste 30 ans après sa mort.



                                                                                           

                                                                                      Mécanique fluorescente (gros plan et détail)

               

                                                                          Ci-dessus, Ham dans sa capsule en janvier 1961

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